Je ne reverrais pas le chef de la journée, mais A doit retourner en réunion avec lui et monsieur Supérieur. Le sujet, c’est que de façon unilatérale et sans la moindre consultation de qui que ce soit, la mise en place de l’authentification multi facteur, déjà démarrée par nos soins va être gérée par le presta et collègue qui a cadré le projet aux petits oignons, doit les former et refaire des procédures pour eux. Je vous laisse imaginer à quel point elle est RA-VIE !
C’est à peu près à ce moment que commence à germer dans mon cerveau brumeux et fatigué de la ribambelle de connerie du jour, l’idée que ça ressemble à une volonté d’externaliser l’admin de l’infra pour ne nous laisser que les tickets de l’enfer à gérer. J’ai à ce moment-là le sentiment que mon chef c’est Macron avec le service public. Pas de budget, ça se casse la gueule, les gens sont pas contents, c’est les admins qui sont mauvaises, on file le truc à une boite privée …
La suite des évènements ne va pas me rassurer des masses. Le chef choisit la fin de cette journée de l’enfer pour s’épancher auprès de super collègue et lui dire que les utilisateurs ne sont pas contents, que les tickets ça avance pas assez vite, qu’on dépanne pas bien, qu’on va pas assez les voir … bref qu’on est pas des bon techs. Ca tombe bien, on est admin, pas tech, mais dans mon souvenir, la dernière fois que j’ai fait de l’admin de quelque chose remonte à très très loin !
Mais il faut déjà (seulement, enfin) se quitter. La journée interminable est finie. Et on est que mardi ! Vu les évènements, le calme reviendra forcément dès demain, ça ne saurait être pire !
Le lendemain, c’est donc mercredi. Chipette part en voyage en Irlande, je la dépose donc à son car, avant même l’heure où l’aube blanchit la campagne. Forcément, j’arrive donc au bureau presque 30 minutes avant l’heure habituelle. Rituel du matin, je pousse sur le bouton de la cafetière, puis celui de l’ordinateur, je mets ma dosette de café, je lance la coulée du chaud et doux liquide, quand soudain, toc toc toc à la porte ouverte du bureau. User number one devait m’observer de son bureau afin de me voir arriver, c’est pas possible, le service est habituellement fermé à cette bien trop matinale. Mais bon, il a un problème URGENT, son deuxième écran marche pas. Et même que c’est urgent au point que non, je n’ai pas le temps de boire mon café, il faut y aller mainan toussuite. Le user est roi, c’est chef qui a dit, alors allons-y, et avec le sourire siouplé !
Oh mais que vois-je, tu as trouzemille mises à jour en attente, dont une du BIOS. On va commencer par ça ! Subtilement, je propose de lancer le truc et qu’il me rappelle si ses écrans ne marchent toujours pas après le redémarrage de l’appareil, mais non, ma présence est indispensable pour regarder avancer les barres de progression. Et dire que mon café abandonné est en train de refroidir… Tout ça pour, miracle, après 10 bonne minutes d’échanges de banalités pour faire passer le temps, les écrans marchent tous, comme avant. Enfin bon, j’ai mon premier client, utilisateur, heureux et ça c’est bien.
J’avale vite fait mon café froid, ce matin au programme j’ai installation en urgence du portable réclamé et prêt depuis 6 mois d’une utilisatrice réfractaire au changement, mais finalement après avoir fait quelques séances de psy, des bisous et des câlins chaudoudou elle veut bien qu’on fasse le changement MAINAN TOUSSUITE aussi parce que l’ancien matos il marche carrément trop mal depuis quelque temps. Mais … il faut que ce soit tout exactement comme avant avec son double écran, et faut le faire avant qu’elle arrive parce que si non elle prend du retard sur son travail ! Le chef il a dit c’est IMPORTANT que la youzeuse est soit trop contente d’être heureuse, alors petit soldat se dépêche de récolter des bouts de matériel un peu partout, des adaptateurs d’adaptateurs pour que les écrans d’il y a mille ans puissent se connecter avec des trucs de maintenant, et part avec son chariot défendre la veuve et l’orphelin (oups, je m’égare, je vais juste brancher un ordi et le paramétrer). Après avoir déplacé toute la poussière de tout le bureau et fini de paramétrer le truc, la youzeuse est pas encore là, mission accomplie je retourne au bureau, juste à temps pour la pause café / viennoiserie du mercredi !
Bref, je vais pas détailler les enchainements, le chef est totalement absent, on ne le voit que passer, pour constater qu’il est PLS EurkRP, alors qu’il devrait être en PLS infra. On en est au stade, ou tous nos serveurs data sont saturés, on a plus de sauvegarde immuable car deux disques ont lâché et que c’est compliqué d’en trouver, on a un contrôleur totalement mort et pas de solution éventuellement possible avec ce qui s’apparente à la saint glinglin.
La journée du jeudi est semblable aux précédentes, sauf que cette fois il n’oublie pas la réunion hedbo infra, celle que nous faisons pour le tenir informé de l’état du service, mais pendant laquelle il écoute rien et fait autre chose. L’ambiance est glaciale, c’est antarctique, l’iceberg nous a percuté, on coule, à défaut de jouer du violon on pisse dans des contrebasses , et leur contenance est bien trop faible (on me souffle dans l’oreillette que l’octobasse existe, une bonne piste pour l’avenir). On évoque pour la énième fois la demande que l’on souhaite faire aux utilisateurs de trier les données pour faire de la place. Il demande des précisions puis … si ça nous arrange qu’il fasse la com lui-même (mais what ? C’est juste TON job !! Ça a pas à nous arranger, t’as à le faire), et là, je sais pas, je suis passée de très froide à très chaude, avec une réponse assez claire : “en effet, entre les tickets qui tombent par 13 à douzaine, l’infra qui tombe en ruine qu’on doit rafistoler avec des bouts de ficelles et le travail préparatoire que tu nous demande pour la com, ça nous arrange que tu le fasse, parce qu’on a carrément pas le temps !”
Bah vous savez quoi ? Il a même pas relevé. C’était le dernier point, on a ajourné, on est retournés bosser !
Vivement demain !
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