C’est pas le tout, mais il y a Moa, qui est du genre “un peu pressé”, Moa il aime pas les fôtes d’ortografe ni discuter trop longtemps, il préfère être rapidement fixé. J’ai l’âme aventurière et une heure de temps en attendant la fin de l’entrainement de Fiston, alors je dis ok. Me voilà au point de rendez-vous, et … pas lui, il a 10 minutes de retard (nous verrons par la suite, qu’il a bien fait, je le remercierais jamais assez pour ça). On prend une bière et on va s’assoir. Et là, c’est le drame, il sourit ! Mais il a pas de dents, enfin si des petits bouts de chicots tout verts et noirs. J’ai besoin de toute ma concentration pour le regarder sans le voir ! Pendant ce temps, Moa soliloque, m’expliquant dans sa logorrhée qu’il a plein d’argent, qu’il gagne très bien sa vie, qu’il connait plein de monde, qu’il a beaucoup d’argent, mais en ce moment il bosse pas et vit chez sa mère, et il a ses enfants en garde alternée, et beaucoup d’argent, il est entre deux projets, qui vont rapporter beaucoup d’argent … Et moi tout ce que je pense c’est “mais va te faire refaire les chicots si t’es blindé !” bref les 50 minutes les plus longues de ma vie ! J’ai déposé Moa gentiment au sol, lui disant que sa vie manquait de calme pour moi qui n’aime pas les gens.
Y’a Médor, qui fait un passage éclair dans ma boite à message, me disant que je suis trop petite, mais il est ok pour un plan cul, et Loup qui m’explique gentiment que mes photos elle sont chouettes, mais il faudrait qu’on me voit mieux pour avoir plus de matchs, genre un décolleté et aussi de dos, mais que malgré tout je parais suffisamment vaginalement motocultable, pour qu’il daigne s’occuper de moi.
Je commence à me dire que ouais mémère à chat, finalement, c’est la bonne option, mais les applis sont pleines de surprise et je commence à super bien échanger avec Bruce. Au bout d’une quinzaine de jours, on se prévoit carrément un resto. Ça passe plutôt bien, même que après le resto, on poursuit avec une bière. Bruce est vraiment à fond, moi peut-être plus patiente, moins emballée, j’attends de voir. Il parle de vie à deux, des erreurs du passé, de comment les éviter à l’avenir, …, il se projette carrément ! Bruce est ultra méga prêt, et me propose donc de se revoir, pour une petite soirée avec des amis. Mouais, ok, voyons du monde, c’était un peu le but. J’hésite un peu, puis j’accepte. Les jours précédents ladite soirée, je vais avoir un peu plus de précisions, mais trop con ou trop polie, je ne reviens pas sur mon accord. La petite soirée, il se trouve qu’en fait ce sont les 10 ans de mariage d’un couple de ses amis, que ça commence à 17h30, qu’il y aura une soixantaine de personnes, que c’est à thème “guinguette” déguisé, qu’il y aura foodtruck et DJ… Je n’ai pas eu tout d’un bloc, non, j’ai eu les infos en perlé, comme pour me laisser le temps de digérer avant d’en ajouter une couche.
Je me rends donc, à reculons, à la “petite” sauterie qui représente pas loin de tout ce dont j’ai horreur socialement. Alors on peut pas dire, il fait encore beau et pas trop frais, tout le début nous sommes à l’extérieur de la salle, isolés de la foule qui arrive progressivement, on discute et c’est plutôt très agréable. Je rencontre ses anciens patrons, des gens charmants, avec qui la discussion est très intéressante. Mais, immanquablement vient le moment de passer à table, et donc de rentrer se mêler à la foule. J’enfile mon plus beau sourire commercial, je reprends une gorgée de patience, et goooooooooo. C’est carrément comestible côté alimentation, mais le DJ commence avec ses animations et la musique, y’a des jeux, et la pratique du consentement par le DJ est pas franchement maitrisée. Je suis l’élève du fond de la classe qui se fait toute petite pour pas être vue et donc pas interrogée, et j’arrive à esquiver. J’informe discrètement mon cavalier que je vais pas la faire longue, que ça commence à être vraiment au-delà de mes forces, et vers 22h, je m’éclipse le plus subrepticement possible, Bruce me raccompagne à ma voiture. Je le sens hésitant quand je lui tends ma joue au moment de se dire aurevoir, mais je ne sais pas trop définir son intention. Je pars.
Contre toute attente, les messages de Bruce se font rares, je ne sais pas trop si je dois creuser ou laisser tomber car finalement cette distension de la communication m’arrange un peu. Sauf que quand même, j’ai besoin de savoir, donc un beau jour, je lui envoie un message pour poser la question. Et là, il veut me téléphoner pour expliquer. Euh, bah, ok, on va faire ça. Et c’est l’enfer, il se répand, je suis sa psy, parce que oui, il était prêt, archi prêt mais il se rend compte que finalement pas tant que ça, il faut peut-être qu’il se retrouve, mais je lui plais vraiment, mais il voudrait pas me faire croire à des choses qui sont pas sures … et ça dure, au point que j’implore de l’aide à fiston, pour qu’il m’appelle bien fort et que je puisse couper cet enfer. Il terminera par le fait qu’il veut qu’on reste amis …
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