Photo d'un grand cheval alezan et de sa cavalière en tenue de concours, franchissants un obstacle.

En ce moment, c’est l’inquiétude. Touffue, une petite chatte à poil bouffant qui tentait de s’incruster chez moi (faut avouer sans trop de résistance de ma part et avec l’insistance de Chipette) et qui était pleine, ne s’est pas pointée depuis 3 jours. Je croise les doigts pour son retour, et son parrain à distance et moi-même avons pas mal de soutien de la part des Mammouths.

Du soutien et des conseils, parfois un peu ésotériques, mais qui se tentent. Qui se tente d’autant plus que ça m’a rappelé une histoire.

Je suis de nature plutôt cartésienne, les trucs chelous de type maraboutage, j’y ai jamais trop cru.

Seulement …

Il y a quelques années, trop pour préciser, j’ai eu un jeune cheval, nommé Galoupiot. Un grand dadet, tout câlin et tout gentil, mais un grand dadet tout plein de grosses verrues.

Les verrues n’étaient pas douloureuses, les verrues ne semblaient pas le gêner, même si une ou deux étaient assez mal placées par rapport à la sangle de la selle. Mais les verrues étaient très grosses et très moches.

On voit donc avec le vétérinaire ce qu’il est possible de faire. On commence par un cerclage, un élastique très serré autour de la verrue, l’objectif étant qu’elle se dessèche et qu’elle tombe. RIEN

On enchaine donc avec un traitement local liquide, à appliquer deux fois par jour sur chaque verrue. RIEN

On poursuit avec un traitement par voie générale, en poudre dans sa ration quotidienne. RIEN

Ça fait donc presque un an, que je suis sur mon grand alezan, beau, majestueux même, avec ces vilaines verrues, lorsqu’à l’occasion d’un concours je croise un type (dont j’ai parfaitement oublié le nom). S’en suit une conversation qui me semble lunaire :

  • Oh, il est drôlement beau votre cheval
  • Merci
  • C’est dommage ces verrues
  • Oui, on n’arrive pas à s’en débarrasser, on a tout essayé, je ne sais plus quoi faire
  • Vous avez été voir un magnétiseur ?
  • Un magnétiseur ? non, je n’en connais même pas
  • Allez donc voir monsieur machin de ma part, voici son numéro
  • Merci (perplexe) bonne journée et bonne chance pour le concours
  • Merci pareil pour vous

Je range le numéro dans ma poche et je ne pense plus trop à ce conseil étrange. Sauf que bon, les verrues sont toujours là. Parfois elles suintent, parfois elles saignent, en plus de vraiment pas être ragoutant, je finis par me dire que ça doit lui faire mal malgré ce que dit le véto. Le véto d’ailleurs n’a rien de neuf à nous proposer, je lui parle de l’histoire du magnétiseur, et comme prévu, il me rit au nez. Mais quand même, en partant, il lâche un « de toute façon tu perdras rien à essayer ton rebouteux ».

Bon, je n’ai pas le permis, encore moins pour tirer un van avec 175cm au garrot et 500kg de muscles dedans et le « type » est à une heure de route environ. Après discussion avec mon entraineur, il est ok pour nous emmener. Rendez-vous est pris un samedi. Le trajet de l’allée consiste en une mise en condition, soyons sérieux quand nous seront sur place. Dont acte, on y va, on joue le jeu, même si on n’y croit pas un seul instant.

Nous voilà arrivés, dans la cour d’une grande ferme passablement défraichie, sauf un petit bâtiment mignon dans un coin. Le mec nous attend dehors, ni jeune ni vieux, un peu moelleux, gapette vissée sur la tête (c’est vrai que c’est une très belle journée ensoleillée). Nous sortons de la voiture, nous allons le saluer, et sans autre forme de politesse, il nous explique qu’il va agir directement dans le van, que moi puisque je suis la propriétaire je dois rester à sa tête et que l’autre il a qu’à faire ce qu’il veut en attendant. Woookééé, let’s go parti alors, visiblement, on a pas le temps de niaiser.

Me voilà donc devant mon gros nounours qui me fait des câlins, et le mec qui regarde l’ampleur de dégâts, enfin l’ampleur de mon point de vue. Pour lui ça vaaaaa, c’est pas si gros. Et là, c’est le drame. Il commence son rituel.

C’est assez simple : il se place devant chaque verrue, crache sur son pouce, s’agenouille, puis signe la verrue en psalmodiant des trucs absolument imbittables entre ses dents. C’est un effort intense pour moi de ne pas exploser de rire. C’est long. Suivant la taille de la verrue il signe plus ou moins longtemps en baragouinant. Vu le nombre de verrues j’ai l’impression que ça ne finira jamais et que je vais faire pipi dans ma culotte avant la fin de la séance. Je me concentre sur nounours, impassible, les yeux mi-clos, on dirait même que l’exercice le berce. Sa tête posée sur mon épaule est de plus en plus lourde, mais flutin, il s’endort cet imbécile.

Un trèèèèèès longue demi-heure plus tard, le mec se relève, me dit « voilà, c’est fini, on va boire une bière ».

Il nous guide vers sa maison, mon entraineur et moi, et nous fait asseoir dans une petite cuisine proprette. Il sort trois 33’export les décapsule et fait signe santé avant de s’enquiller la sienne d’une traite. Je rappelle qu’à l’époque je suis mineure, pas que je n’ai jamais bu d’alcool, mais à 10 plombes du mat, de la bière (à l’époque c’est très eurk pour moi, remarquez, une telle bibine est toujours aussi eurk aujourd’hui), je suis pas emballée. Mon entraineur me fait les gros yeux, le mec me regarde limite de traviole, je comprends que si je ne bois pas cette merde ça va être mal pris. Après deux ou trois gorgées compliquées, profitant que le mec se lève pour aller mettre sa bouteille à la poubelle, mon entraineur fait un échange discret entre ma bouteille à peine entamée et la sienne presque vide. Cette action de sauvetage me vaudra un « elle a une belle descente la petite dame ». On y est, l’épreuve je me retiens de rire et l’épreuve je bois une bière ignoble, touchent à leurs fins. Le mec annonce que y’avait pas grand-chose et que donc dans 3 mois tout sera tombé, on a rien à faire d’ici là. On paye (de mémoire 100 francs) et on part.

Le trajet du retour, les vannes s’ouvrent, fou rire sur fou rire à la mémoire du moment WTF qu’on vient de vivre. Et comme je suis un peu con, et que j’y crois toujours pas, je lance des paris débiles, genre « ouais si y’a plus rien dans trois mois c’est-à-dire le -insérer date- je te paye le restau et je fais tous les boxes toute seule pendant une semaine.

Bah tu sais quoi, je l’ai échappé belle car le -insérer date + 3 jours-, il n’y avait effectivement plus la moindre verrue sur mon cheval et du poil commençait déjà à repousser à la place.

Alors, si aujourd’hui j’ai une chance de faire revenir Touffue en imaginant qu’elle a un fil à la patte et que je le tire pour la ramener vers moi, bah je vais pas me gêner ! 

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  1. L’ésotérisme n’est pas dans mes rites ou habitudes, mais pour le retour de Touffue, tu as mon aide, aussi virtuelle soit elle, pour tirer sur le fil, sur un malentendu, ça la fera revenir plus vite.
    Hâte qu’elle rentre et pouvoir la retrouver.
    (On évitera la 33 Export pour les retrouvailles, il y a largement mieux)

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