Salle serveur qui existe pas dans la vraie vie

Aujourd’hui, je vais être très bavarde, deux publications !! Je vais pas laisser en plan ceux qui sont dans l’attente de la suite de la Zébraventure, mais comme au boulot ça a été tendu, je pose ça là aussi.

Cher journal,

Aujourd’hui est une journée d’hiver sympathique, il fait froid mais grand beau, il fait jour quand j’arrive au boulot à 8h, c’est cool. D’ailleurs aujourd’hui on sera que deux dans le bureau, ma collègue en télétravail et mon chef en vacances. Mon nouveau collègue accumulant les boulettes, je sais que je vais devoir gérer mais depuis hier les tickets tombent plus en pluie, le retard se réduit, c’est bien.

Café, réveillage d’ordi, prise de contact avec les utilisateurs pour organiser les dépannages, tout roule.

C’est vers 10h que le drame se produit. Pfffiou, clac. Plus de courant ! 

Un meeeeeeeerde tonitruant sort du service info, on a notre plan en cas de coupure, mais vraiment pas envie de tester.

On sait que ce n’est pas un délestage, nous n’avons pas été prévenus. Dans la foulée, message de fiston « c’est normal que la télé s’allume plus ? » Arf merde, une large zone est touchée, il est à 10 bornes quand même. Message de ma collègue 

  • J’ai plus de jus, c’est comment au boulot ? 
  • Bah pareil et ça sent pas bon, j’ai envoyé collègue regarder l’onduleur voir ce qu’il indique.

Collègue revient, 1h33 d’autonomie et sa femme à 25 km est elle aussi dans le noir.

Ok, on passe en mode crise. Tour des bureaux : « mesdamezémessieurs, j’ai une bonne nouvelle pour vous, si la coupure se prolonge, vous serez au chômage technique, dans une heure nous serons contraints de couper les serveurs pour ne pas risquer de problèmes par la suite. Nous vous invitons à sauvegarder maintenant tout votre travail pour ne pas risquer de le perdre ». 

Retour devant l’ordi, même message par mail à tous les télétravailleurs.

En même temps je profite de la merveilleuse musique d’attente du serveur téléphonique du fournisseur d’électricité pour glaner des infos. Évidemment ça dure, tout le monde appelle. Ça répond.

  • Bonjour, je voudrais des informations sur la coupure
  • Madame, nous ne savons pas grand-chose à part que c’est à proximité de la centrale de trifouillis les 4 vents et que ça risque de durer plusieurs heures
  • Merci, bonne journée

Autonomie de l’onduleur : 45 min

Avec A. ma super collègue, nous prenons la décision de nous connecter pour commencer à couper les serveurs non critiques. Pendant ce temps on missionne M. boulette pour téléphoner à la filiale espagnole et les prévenir qu’ils n’auront plus accès à certains fichiers.

Un des grands chefs se pointe au bureau 

  • S’il faut couper, faut compter combien de temps pour rallumer ensuite ? (ça m’énerve, on lui a envoyé à lui et aux autres chefs une procédure complète et détaillée en cas de délestage, tout est marqué dedans)
  • C’est-à-dire on a déjà commencé à couper certaines choses, mais si on doit tout couper, il faudra compter 1h30 environ pour être opérationnels après le retour du courant, rapport à l’ordre de redémarrage toussa quoi
  • Donc si ça dure, je renvoie les gens chez eux ?
  • Euh, je suis pas cheffe moi, je peux pas décider ça, mais il y a un risque non négligeable que la journée de boulot soit mal engagée en effet
  • Bon, prévenez-moi si vous commencez à toucher à la prod alors
  • (regarde le chronomètre) oui, on va faire ça, mais c’est très bientôt

Autonomie de l’onduleur : 23 min, Avec A on finit de se répartir les serveurs avant le top départ.

Clic, pfiouf, et fiat lux ! accompagné d’un méga ouf de soulagement. 

Mail de fin de crise envoyé, coup d’œil sur l’onduleur, tout va bien.

Alors oui, mais montagnes russes obligent, le premier qu’on a coupé, pour soulager l’onduleur, c’est notre bon vieux serveur de backup, un serveur physique. Dans la baie, c’est beau, tout le monde clignote en vert, les clims font du froid, les serveurs font du chaud, tout est normal. 

Mais allo ? enfin ping, le serveur de backup ne répond pas. Il est en grève, marre de bosser le vilain ! Pourtant, ses loupiotes disent que ça va bien.

Je le fais ou pas ? Bon, foutu pour foutu, reboot sauvage ! J’appuie longtemps sur le bouton power. Lumières éteintes. Bon bah là, y’a plus qu’à espérer que ça reparte. Appui sur le bouton power. Loupiotes vertes qui clignotent. Ping ? ping ! ok, on est sauvés …

Bilan de la journée : test grandeur nature de la conduite à tenir en cas de délestage. On est prêtes ! ça mérite bien une petite bière tout ça.

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