Ou comment trouver un boulot (précaire et sous payé) ressemble terriblement aux sites de rencontre !
Alors voilà, deux ans que je suis en alternance, une alternance qui n’avait pas été très simple à trouver à l’époque, mais bien moins complexe que maintenant.
Comme certain.e.s le savent déjà, j’ai un peu hésité avant de me lancer dans la poursuite d’études. Peur de ne pas avoir le niveau, peur de ne pas être acceptée, doute sur la capacité de m’investir dans une année de plus comme étudiante … Puis, j’ai plein d’ami.e.s, réelles et virtuelles, qui m’ont poussée, ainsi que ma famille, and here we are, l’école a validé ma poursuite d’étude, je suis acceptée dans la formation bac +5 à la rentrée 2024. C’était fin février, et je me suis lancée immédiatement dans la recherche de mon alternance.
Dans un coin de ma tête, j’ai gardé en mémoire un conseil fort judicieux : “postule comme un homme”. Bawi, nous les femmes, les études l’ont prouvé, quand on postule à une offre, on coche entre 90% et 100% des demandes de l’employeur, alors que les hommes ne s’encombrent pas de ça, à peine 50% ça leur suffit pour balancer un CV. (ouais ouais, #NotAllWomen #NotAllMen ; on sait ! Y’a juste pour les ours, on est sûre que c’est moins risqué, oups pardon, je m’égare).
C’est parti donc, je mets à jour mon CV (et par la suite, je vais le remettre à jour encore 4/5 fois avec les demandes de l’école, et mes idées à moi aussi), je mets à jour tous les sites habituels style Monster, Indeed, HelloWork … Evidemment, le fantastique badge “OpenToWork” sur LinkedIn. Je reprends ma liste faite il y a deux ans de boites du coin (et des plus loin aussi, avec le télétravail possible, j’élargis ma recherche à une centaine de km de chez moi), avec les noms des RH et / ou DSI que j’avais dégoté à la sueur de mon front en méthode de vilaine stalkeuse ; et zépartiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii pour balancer du CV à tour de bras. Je réponds donc aux offres qui correspondent à ma recherche bien sûr, mais aussi à celle qui sont àpeupresque pareil, et j’inonde la toile de candidature spontanées.
Tout ça se fait le plus souvent sur des plateformes en ligne, les sites cités plus hauts mais aussi les sites dédiés mis en place par les boites. Je suis pas tout à fait née de la dernière pluie, donc pour chaque CV envoyé par ce biais, j’essaye de trouver un contact LinkedIn associé (si je ne l’ai pas déjà dans ma liste) et faire une relance 10/15 jours après par ce biais. C’est d’ailleurs toujours une épreuve pour moi cette relance, j’aime pas, j’ai l’impression de forcer, d’être le brouteur de FB qui envoie un message non sollicité qui va à coup sûr déranger, je dois me faire violence pour cliquer sur envoyer. Tout ça pour rester en “vu”, comme avec le match Tinder qui te ghoste.
Bah mes amis, vous savez quoi, j’ai autant de succès que sur les applis de rencontre !! Les ratios de “réussite” doivent être comparables. En 2 mois, je peux donc dresser un bilan pas très glorieux de mes recherches.
Pour environ 100 CV envoyés (exactement 96 mais bon, on va pas chipoter), j’ai eu 3 entretiens, un qui n’a pas donné suite (ils ont préféré un alternant qui reste deux ans et pas un), deux toujours en attente d’un retour (dont un qui pue le traquenard et l’autre pour lequel il y a pas de poste mais peut-être on peut en faire un, autant dire un espoir très proche de zéro).
3% d’entretien, c’est pas génial, mais bon, c’est toujours pareil, il en suffit d’un ; non ce qui me défrise le plus c’est le silence …
Reprenons donc nos stats, on part sur la base 100, ça m’arrange. 60% (OUI SOIXANTE !!!) de mes CV n’ont eu AUCUN retour (le mec qui match mais qui répond jamais à ton premier message, c’est lui le RH, c’est lui qui relève la boite mail recrutement, c’est pas possible autrement) ; même si j’ai trouvé un contact LinkedIn à qui j’ai dit youhou je t’ai envoyé un CV, je sais que c’est une candi spontanée (ou pas suivant le cas), mais s’il te please, dis-moi un truc, genre oui, merde, va chier, mais un truc, juste que je sache qu’il y a un humain quelque part qui a vu que j’avais fait une démarche, qu’il s’en tamponne le coquillard avec une patte d’alligator femelle, mais qu’il a vu !
OK, donc là, on a 63%, reste 37% (tavu mon niveau de math, ça mérite un poste quand même là, oh, hein !), oui ils deviennent quoi ces 37% de CV de Laurier qui sont dans les tuyaux des grands internet mondiaux ? Bah c’est assez facile, 35 d’entre eux reçoivent une réponse automatique (d’ailleurs la même pour toutes les boites, je pense que c’est ChatGPT qui l’a écrite) après avoir étudié blablabla, nous ne pouvons donner suite blablabla, on garde votre CV au cas où, cordialement, va bien te faire cuire le cul, personne n’a aucune idée de ce que contient ton CV et encore moins ta lettre de motivation, d’ailleurs la preuve, tu reçois ce mail automatique paramétré avec les pieds, un dimanche à 15h ou un mercredi à 3h du mat. Et puis, il y en a 2, qui après ta relance linglingling, t’envoient un petit message sympa, du style, salut Laurier, j’ai vu ton CV, mais on a pas d’opportunité dans le domaine, désolée et bon courage pour ta recherche (un homme et une femme, la parité est respectée !). Je sais pas si ces deux personnes ont vu quoi que ce soit hein, mais au moins, je me dis qu’il y a eu une intervention humaine.
Sur 100 flutain de CV, j’ai 5 humains qui ont traité le truc, bien ou mal c’est même pas le sujet, 5% !! Ça me fume, ça me dépasse. Alors oui, pour les mails auto, je n’ai pas de preuves, si ça se trouve y’a bien un humain qui a lu et qui a cliqué pour envoyer la réponse automatique, mais j’avoue que je doute. Quand je vois tous les postes en Cyber qui sont publiés chaque jour, je veux pas croire que mon CV est si mauvais, mes compétences si médiocres, mon parcours si insignifiant, que mon profil ne correspond pas, jamais, nulle part.
À ce stade, j’en suis à deux doigts de me demander, si, comme le CV de Mohammed ou Abdoula dans d’autres branches et pour d’autres mauvaises raisons, le CV de “une femme”, n’est pas un handicap dans ma recherche ? C’est un peu parano, j’avoue, mais comme lors de ma précédente recherche, mes collègues masculins n’ont jamais eu à envoyer autant de CV que moi pour trouver …
Il me reste encore juin et juillet avant de paniquer (ouais, août, je ne me fais aucunes illusions, c’est un peu comme mai, il va pas se passer grand-chose) et donc potentiellement encore une centaine de CV, et hypothétiquement, une aide de l’école (ça non plus, j’y crois pas des masses), mais là, mainantoussuite, j’ai le moral qui en a pris un coup. J’ai l’impression de pisser dans une octobasse et de l’avoir déjà bien bien remplie !
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