Alors voilà, il fait chaud, on est donc à nouveau confiné ! Du coup, c’est le moment que je choisi pour raconter mes meilleurs souvenirs du « grand confinement » quand j’étais prof, et que Jean-Mi a dit « on est prêts » et les élèves ils sont trop tous nés avec le numérique donc ils gèrent !
Alooooooors, oui, mais non. Comme vous le savez, on a vraiment pas eu de bol, car les russes et les coréens en voulaient grave à nos cours (parce que nous on a Meirieu et Alvares alors on fait des trucs trop au top de la pédagorigolologie), alors les serveurs de l’éducation nationale, ils ont été piratés, ils ont subi de vilaines attaques, alors ils marchaient plus que la nuit. Dont acte, je mettais donc mes cours en ligne vars 2-3 heures du matin, c’était super efficace. Bon les élèves ils pouvaient jamais les voir, parce que le jour, y’avait les attaques, alors de nouveau les serveurs répondaient plus.
Coup de bol, nous les profs, on a une adresse académique et en plus une adresse liée à notre établissement pour les mails. Alors dans mon bahut, ils ont décidé qu’on ferait par mail. Le calcul est vite fait, l’adresse aca on a 25Mo de stockage, c’est juste pas envisageable de l’utiliser (pour rappel j’ai un truc comme 450 élèves, répartis en 13 classes et 5 niveaux, donc s’il leur vient l’idée de m’écrire en même temps …), parce qu’on subit des attaques on a dit (ouais personne ne s’est encore imaginé que c’était juste que les serveurs étaient pas dimensionné pour ça, alors on va faire comme si c’était les attaques) !
Donc les secrétaires listent (de nuit, oui, tu te souviens, la nuit ça marche) les mails des profs, par classe, et envoient ça aux parents d’élèves, un par un, manuellement, parce qu’on a pas les outils pour automatiser le truc et que les pauvres informaticiens de bahuts (souvent seuls pour deux ou trois établissements), ils croulent sous les demandes des collègues et de l’académie. Puis elles envoient aussi aux profs, la liste des mails des parents des élèves de leur classe.
Nous y voilà, best outil ever pour faire le collège à distance, le mail !
Alors go envoyer les supports et consignes classe par classe aux parents, pour qu’ils transmettent à leurs gnomes, pour le travail soit fait et rendu.
Globalement (genre à 98%), les parents nous disent que junior ou juniorette possède sa propre adresse mail et qu’on fait chier à polluer la leur, que la prunelle de leur yeux hyper sérieuse va nous contacter directement pour éviter un intermédiaire.
La première dizaine de jour passe comme ça, avant qu’on arrive à utiliser un peu mieux les serveurs de l‘EN et qu’on puisse commencer à faire des visios et ô joie, ô bonheur recevoir les devoirs de nos élèves, vous savez ceux qui sont nés avec le numérique et qui gèèèèèèèèèrent !
Bon, j’ai de la chance, je suis pas tout à fait née de la dernière pluie, donc j’ai hyper balisé mes consignes pour la remise des devoirs :
- Utiliser un logiciel de traitement de texte de son choix
- Indiquer en première ligne son nom, prénom, classe et intitulé du devoir que l’on rend
- Renommer son document avec p.nom_classe
- Signer son mail en nom prénom classe
- Envoyer le devoir quand on veut avant la date limite (je donnais des programmes de travail à la semaine pour faciliter la vie des familles qui se partageaient les ressources numériques)
Et voilà comment ma boite mail a explosée ! je m’y attendais, j’avais même créé des règles de tri, pour ajouter mes élèves dedans au fur et à mesure et avoir de beaux dossiers par classe.
Mais, j’avais pas anticipé que mes natifs du numériques avaient plusieurs adresses chacun, et qu’ils allaient toutes les utiliser de manière totalement aléatoire. J’avais pas pensé non plus que ces adresse seraient majoritairement de la forme « beaugosse2003@truc.fr » ou « licorneapaillette@machin.com ». Bien sûr, signer le mail comme demandé c’était surfait. J’ai donc dû répondre à des mails du type « bjr mme jé pa compris la question 7 » ou encore « coment on fé pour l’exercice 2 » …
Puis ensuite, le travail majoritaire du confinement aka attribuer le bon devoir à la bonne personne, a commencé.
Réussir à deviner ce qu’est img65698.jpg ou scan778790.pdf ou encore document45.docx venant de « cemoilebossdu53@chouette.com » puis renommer le document pour le mettre dans le bon dossier, m’a pris des heures, chaque jour.
Je ne parle pas de ces élèves qui ont bien utilisé un traitement de texte et qui ont pris en photo leur écran pour m’envoyer 6847769.jpg comme devoir à rendre.
Je ne développe pas plus que ça, vous avez bien compris que les natifs du numériques (de la 5ème à la Tale) bah oui, mais non quoi !
N’empêche que le confinement avec mes élèves, c’est aussi un grand plaisir. Celui d’avoir lu, à mes enfants et en direct à de nombreux élèves, une histoire tous les soirs.
Mais comment ? Disons que les élèves de premières et de term avaient mis en place un serveur discord pour les échanges de cours (c’est pas RGPD de fou, mais franchement entre ça et les serveurs qui plantent, on avait au moins une solution fonctionnelle à disposition), je ne sais plus comment c’est venu, un jours de discussion avec mes élèves (ouais en vrai ils avaient besoin de parler), où j’ai dit que tous les soir, je faisais la lecture à mes enfants. Une élève m’a demandée si je pouvais lire dans le canal, parce qu’elle adorait les histoires. Nous avons donc fixé à 20h, l’heure de l’histoire du soir.
Le premier soir, elle était là, à l’heure, avec deux autres élèves qui avaient suivi la conversation. Puis de soir en soir, ils étaient de plus en plus nombreux, de 12 à 18 ans, pour m’écouter lire des livres de mythologies grecque principalement. L’histoire qui durait au départ une vingtaine de minutes, a duré une demi-heure, puis une heure. Au plus fort de l’attractivité de cette diversion quotidienne, j’ai eu une cinquantaine d’élèves connectés, certains avec des petits frères et sœur que je n’avais pas en cours, certains même avec leurs parents.
Voilà, c’était mes petites anecdotes du confinement !
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